
L'aspartame est un édulcorant à fort pouvoir sucrant utilisé dans le monde entier. Accusé d'être à l'origine de problèmes de santé, il est au cœur de polémiques depuis des années. Focus sur l'aspartame, ses caractéristiques, ses effets secondaires et les produits qui en contiennent.
Aspartame : définition
Édulcorant de synthèse découvert en 1965 par James Schlatter, chimiste américain, l'aspartame a reçu sa première autorisation de mise sur le marché (AMM) en 1974, aux États-Unis. Il fallut attendre 1981 pour qu'il soit autorisé en France dans les produits solides tout d'abord, puis 1983 pour que son intégration dans les boissons soit autorisée. Ce n'est qu'en 1996 que l'aspartame est considéré comme un « édulcorant général ».
L'aspartame est un additif alimentaire (E951 ou B528) qui présente deux avantages :
- un pouvoir sucrant 150 à 200 fois supérieur à celui du saccharose (sucre) ;
- un apport calorique faible.
L'aspartame — dont le nom chimique est « L-Aspartyl-L-phénylalanate de méthyle » — entre dans la composition de milliers de produits alimentaires. Plus de 600 médicaments contiennent également de l'aspartame.
Bon à savoir : la présence d'aspartame est précisée sur les étiquettes des produits, il appartient donc au consommateur de les lire.
Caractéristiques de l'aspartame
L'aspartame présente les caractéristiques suivantes :
- C'est un exhausteur de goût.
- Il a un goût sucré intense.
- Il ne présente aucun arrière-goût amer.
- Il ne favorise pas les caries, contrairement au sucre.
- Il est économique à l'achat.
- Il permet de préparer de nombreux mets et boissons : au niveau mondial, l'aspartame remplace le sucre dans environ 5 000 produits alimentaires.
C'est le produit sucrant utilisé par les personnes ne souhaitant pas grossir ou celles qui suivent un régime alimentaire à visée amincissante.
Bon à savoir : l'aspartame est commercialisé soit en poudre, soit sous forme de sucrettes.
Aspartame : effets secondaires et polémiques, où en est-on ?
L'aspartame est au cœur de nombreuses polémiques. Si une petite centaine de pays garantissent son innocuité, d'autres au contraire lui prêtent des effets secondaires, notamment :
- favoriser l'obésité : il serait susceptible de stimuler l'appétit (effet orexigène) en provoquant une baisse du taux de glucose sanguin que l'on appelle « hypoglycémie réactionnelle » ;
- présenter des risques de cancers : trois études scientifiques menées en Italie confirment la présence d'un agent carcinogène responsable de cancers du poumon et du foie chez le rat mais aussi, plus récemment, il est accusé d'être associé à 15 % de risque global de cancer en plus, et un risque accru de 22 % pour le cancer du sein en particulier (source : « Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population- based cohort study », Charlotte Debras et al., PLoS Med, mars 2022, DOI: 10.1371/journal.pmed.1003950) ;
- augmenter les risques d'accouchement prématuré : c'est ce qu'a conclu une étude scientifique danoise menée sur près de 60 000 femmes.
Les résultats de ces différentes études scientifiques tendant à prouver la dangerosité de l'aspartame sur la santé ont été contestés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), en accord avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), après que le Réseau environnement santé (RES) a demandé la réévaluation de l'aspartame. Le RES affirme que l'aspartame a été évalué avec des grilles d'analyses différentes selon les pays, ce qui ne permet pas d'affirmer que cet édulcorant ne présente aucun danger.
En l'état actuel des connaissances, et après une nouvelle évaluation des édulcorants en général, l'ANSES a conclu que l'effet bénéfique des édulcorants — aspartame compris — à long terme ne pouvait être confirmé du fait de données insuffisantes. D'autres travaux scientifiques seront donc menés afin d'étudier les risques de l'aspartame et des autres édulcorants d'une part sur des publics particuliers comme les enfants et les femmes enceintes, et d'autre part sur une population plus générale.
Bon à savoir : le risque d'effets indésirables serait surtout lié à la présence, dans l'aspartame, de phénylalanine, tout du moins pour une population atteinte d'une maladie héréditaire du métabolisme (la phénylcétonurie). Par ailleurs, des risques d'effets indésirables pourraient être constatés en cas de dépassement de la dose journalière acceptable (DJA) d'aspartame, celle-ci étant de 40 mg/kg de poids corporel.
Produits contenant de l'aspartame
Avant d'acheter un produit consommable (alimentaire et médicament), il convient de vérifier s'il contient de l'aspartame. Cet édulcorant, nous l'avons vu, est présent dans des milliers de produits alimentaires et des centaines de médicaments, comme le montrent les exemples suivants.
Produits alimentaires contenant de l'aspartame
Voici des exemples de produits alimentaires qui contiennent de l'aspartame :
- les sodas ;
- les thés glacés light ;
- certaines boissons diététiques ;
- les produits light (produits minceur) tels que fromages frais et yaourts ;
- de nombreuses confiseries ;
- certains chocolats et dérivés ;
- de nombreuses sauces et condiments.
Comme on le voit, les aliments et boissons contenant de l'aspartame font partie des aliments dits « ultra-transformés ». Or, les publications concernant ce type d'aliments se multiplient dans les revues médicales et l'une d’entre elles montre qu'il existerait une association entre aliments ultra-transformés et symptômes dépressifs. Une augmentation de 10 % de la consommation ce type d’aliments augmenterait le risque de développer des symptômes dépressifs de 21 %. Ce lien pourrait en partie être favorisé par la présence d'additifs, notamment des émulsifiants ou des molécules transformées par de fortes températures (comme c'est le cas de l'aspartame).
Source : Adjibade M, Julia C, Allès B, Touvier M, Lemogne C, Srour B, Hercberg S, Galan P, Assmann KE, Kesse-Guyot E. Prospective association between ultra-processed food consumption and incident depressive symptoms in the French NutriNet-Santé cohort. BMC Med. 2019;17(1):78. doi: 10.1186/s12916-019-1312-y. PMID: 30982472
Une autre étude française indique que boire au moins deux verres par jour de boissons avec édulcorants est associé à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues de 17 % par rapport à une faible consommation (moins d’un verre par mois). De plus, boire plus de deux verres de boissons avec édulcorants par jour, augmenterait la mortalité par maladie circulatoire de 50 %.
Médicaments contenant de l'aspartame
Parmi les médicaments qui contiennent de l'aspartame, on peut citer notamment :
- Dafalgan codéïne ;
- sirop Augmentin ;
- comprimés effervescents Lysomucil ;
- Zantac® ;
- Rhiniathiol ;
- vitamines Adiva, etc.
Bon à savoir : l'aspartame n'étant pas stable à la chaleur, il est peu présent dans les aliments industriels à réchauffer ou à cuire.