Foie engorgé

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les francais en surpoids Thinkstock

Après une longue période d'hiver et de repas caloriques, gras et sucrés, il arrive que notre foie ait subi des dommages collatéraux. A l'instar du met raffiné que l'on sert à Noël, un foie engorgé s'appelle aussi un « foie gras » quand il a subi un trop plein de glucides et de lipides.

Quelles sont les causes réelles de cet engorgement et comment y remédier ?

Foie engorgé : symptômes

Le foie est l’organe qui effectue le plus grand nombre de transformations chimiques dans le corps. Il gère notamment :

  • le métabolisme des glucides ;
  • le métabolisme des lipides (il synthétise le cholestérol : 75 % du cholestérol est sécrété par le foie, les 25 % restants provenant de l'alimentation) ;
  • la production de plusieurs protéines essentielles (albumine) qui serviront entre autres à la construction des cellules ;
  • la destruction des toxines du corps (alcool notamment) ;
  • l’absorption des médicaments que l’on ingère et leur neutralisation après qu'ils ont agi ;
  • le stockage de plusieurs substances : les vitamines liposolubles (A, B12, D, K, E), le fer et le glycogène.

Il participe également à l'efficacité de nos défenses immunitaires

Une des maladies du foie est la stéatose, appelée encore la stéato-hépatite non alcoolique (NASH pour Non-Alcoholic Steato-Hepatitis). Elle est définie histologiquement par l’association d’une stéatose et d’une inflammation hépatique.

C’est une maladie assez courante surtout dans les pays développés et qui touche surtout les hommes entre 40 et 60 ans (25,8 % en moyenne mais le taux augmente avec l'âge) mais également des femmes, quoique deux fois moins (11,4 %). En France, près de 10 % des femmes en âge de procréer auraient une stéatose métabolique avec des risques de graves complications en cas de grossesse.

À noter : on retrouve déjà « un foie gras » chez les enfants et les adolescents confrontés à une alimentation trop riche dès leur jeune âge et en surpoids. De plus, l’excès de poids préconceptionnel de la mère est un facteur aggravant pour la NAFLD de l’enfant ou à l’adolescence. C'est ensuite entre 20 à 30 ans que le foie gras se fibrose.

Les symptômes de cet engorgement du foie sont généralement non spécifiques et se limitent à :

  • une légère fatigue ;
  • un malaise de l'abdomen ;
  • parfois une hépatomégalie (augmentation de la taille du foie).

Toutefois, à terme, lorsque le foie essaie de se défendre contre sa propre surcharge, une inflammation finit par apparaître (dans 20 % des cas). À ce stade, débute la NASH marquée par l’augmentation du risque de début de fibrose. Il s'agit une sorte de carcan fibreux autour des cellules qui les empêche de respirer. Les cellules hépatiques souffrent alors de plus en plus et entraînent une cirrhose empêchant le foie de fonctionner normalement.

Facteurs de risques de la stéatose hépatique

Les facteurs de risque associés au développement d'une stéatose hépatique sont :

  • l’obésité (8 patients obèses sur 10 présentent une stéato-hépatite) ;
  • un manque d'exercice physique ;
  • la consommation de soda (plus d'une cannette par jour), de saccharse et de jus de fruits et plus généralement de fructose (le fructose n’est pas utilisable tel quel, il doit être transformé par le foie, ce qui lui demande beaucoup de travail et l'empêche d'assurer ses autres fonctions ; ainsi, il stocke les graisses et les sucres en trop dans sa propre matrice, ce qui peut participer à l'apparition d'une NASH) ;
  • l'usage du tabac (à partir de 10 paquets/année) ;
  • la consommation d'alcool (à partir de 10 g par jour), le foie étant d’autant plus fragilisé si vous avez consommé de grandes quantités d’alcool régulièrement à l’adolescence (les adolescents présentent une moins grande surface corporelle et ils stockent donc moins bien l'alcool) ;
  • le diabète de type 2 et la résistance à l’insuline (6 patients diabétiques sur 10 ont une NASH) ;
  • la dyslipidémie ;
  • l’hypertension ;
  • certains médicaments (tamoxifène, corticoïdes, etc.) ;
  • l'exposition au glyphosate (la quantité de résidus de glyphosate est significativement plus élevée chez les patients avec NASH que chez ceux ayant un foie sain).

Bon à savoir : il existe un impact socio-économique et psychosocial important : les sujets ayant un faible niveau socio-économique étant le plus à risque.

Statistiques de la stéatose hépatique

La stéatose hépatique a une incidence de 15 à 35 % (nombre de nouveaux cas) selon les pays, soit 23 % en Europe. Cette dernière a augmenté au cours des trois dernières décennies en raison du développement accru du diabète de type 2 et de l’obésité (tour de taille de plus de 94 cm chez l'homme et de plus de 88 cm chez la femme) dus à la sédentarisation des populations occidentales.

En France, 18,2 % de la population (7,83 millions de personnes) sont concernés par la stéato-hépatite non alcoolique.

Au final, on estime que 30 % des Français ont un foie trop gras et que 2,6 % d'entre eux (soit 220 000 personnes) sont à très haut risque de développer des complications à type de cirrhose ou de cancer (carcinome hépatocellulaire).

Source : Paris Nash Meeting les 9 et 10 septembre 2021.

Causes et diagnostic d'un foie engorgé

Les causes de l'apparition d'un engorgement du foie sont essentiellement liées à une alimentation déséquilibrée (intoxication du foie par les sucres et les graisses), un surpoids voire une obésité et les facteurs de risque cités plus haut. On assiste alors à une accumulation trop importante de lipides dans le foie.

Toutefois, il faut garder à l'esprit qu'il existe d’autres causes à la stéatose hépatique que la sédentarité, le surpoids et l’obésité :

  • la prise de médicaments au long cours comme les corticoïdes mais aussi les œstrogènes, l’amiodarone ou encore le Tamoxifène (pour les suites du cancer du sein hormonodépendant) ;
  • la malnutrition peut paradoxalement être également une cause de stéatose hépatique ;
  • le syndrome du grêle court et la mise en place d’une alimentation entérale sont souvent accompagnés d'une NASH.

Sans symptôme spécifique, la maladie est habituellement découverte fortuitement, en pratiquant une échographie abdomino-pelvienne par exemple (qui révélera une augmentation de la taille du foie).

Au cours de l’analyse de sang qui suivra, on pourra détecter :

  • une élévation des enzymes hépatiques et des transaminases (ALT, AST et GGT) ;
  • une diminution du cholestérol de haute densité (HDL) ;
  • une augmentation des triglycérides, avec des niveaux élevés de glucose dans le sang.

De plus, l’évaluation de la fibrose hépatique est essentielle à la prise en charge des patients. Les recommandations émises en 2016 par la société européenne d’étude du foie (EASL) préconisent la combinaison d’un test de biomarqueurs sériques et d’une mesure de l’élastographie hépatique (FibroScan®, sonde M ou sonde XL spécialement développée pour les patients obèses).

Bon à savoir : dans certains cas (si les résultats d'évaluation de la fibrose sont inefficaces, le médecin peut recommander une biopsie du foie, une technique par laquelle on insère une aiguille dans le foie pour en extraire un échantillon de tissu qui sera examiné au microscope.

Foie engorgé : traitement

Hygiène de vie

Les mesures hygiéno-diététiques (modification des habitudes alimentaires et physique) permet de guérir d'une stéatose hépatique non alcoolique (foie trop gras ou NAFLD) et de ralentir la progression de la stéatohépatite non alcoolique (NASH).

Le traitement d'une stéatose hépatique non alcoolique (à différencier d'une cirrhose qui est la complication de cette maladie) repose donc essentiellement sur :

  • une perte de poids équivalant à 10 % du poids corporel total en 6 mois (cela permet de faire régresser les lésions hépatiques en mobilisant les graisses du foie ce qui s'accompagne d’une amélioration de la qualité du tissu hépatique) suivie d'une stabilisation pondérale ;
  • l'augmentation du niveau d’activité physique, c'est-à-dire pratiquer une activité soutenue (natation, jogging, vélo…) pendant un quart d'heure chaque jour, 25 minutes cinq fois par semaine ou 45 minutes trois fois par semaine (soit minimum deux heures par semaine) ;
  • l'amélioration de l'alimentation (moins de gras, plats préparés, privilégier les sucres complexes comme l’amidon, surtout sous forme brute – céréales complètes, légumineuses – et 5 fruits et légumes par jour) en mettant entre autres l'accent sur les oméga-3 (huiles d'olive et de colza) ;
  • il faut aussi mettre l'accent sur la vitamine C et les fruits rouges, l’acide lipoïque (bœuf, foie, brocolis, épinards, oignons, ail) et les flavonoïdes (de nouveau oignons et brocolis mais aussi pommes, thé vert, raisins, romarin…) ;
  • l'amélioration de l'hygiène de vie en général : arrêt du tabac, cessation de la consommation régulière d'alcool (si c’est vraiment important pour vous, limitez votre consommation à un verre de champagne millésimé ou de vin rouge tannique de qualité par jour) ;
  • éviter l'exposition aux herbicides.

Les mesures diététiques, l’augmentation de l’activité physique et la lutte contre la sédentarité sont associées pour permettre une perte de poids significative et durable dans le temps.

Bon à savoir : on retrouve un effet protecteur au-delà d'une tasse de café non décaféiné par jour.

Une meilleure hygiène de vie contribuera ainsi à :

  • améliorer le taux d’enzymes hépatiques ;
  • à réduire la quantité de graisse et d’inflammation dans le foie.

De plus, la modulation du microbiote intestinal à l’aide de prébiotiques, probiotiques, symbiotiques, antibiotiques, voire par la transplantation fécale est une piste en cours d’évaluation (source : Leung C, Rivera L, Furness JB, Angus PW. The role of the gut microbiota in NAFLD. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 2016;13:412-425).

À noter : devant tout symptôme inhabituel ou douleur persistante, n'hésitez pas à consulter votre médecin généraliste.

Médicaments

D'un point de vue strictement thérapeutique, on peut envisager un traitement par certains médicaments et certaines molécules.

  • La vitamine E, recommandée par des sociétés savantes américaines et européennes  à raison de 800 UI/j. Toutefois, son innocuité sur le long terme n’est pas clairement établie et elle pourrait s'accompagne d'une augmentation du risque d’accident vasculaire hémorragique et de cancer de la prostate.
  • L’utilisation de la metformine est possible chez les patients diabétiques. L’usage du liraglutide (agoniste du récepteur du Glucagon-like Peptide-1 – GLP-1) est logique chez ces patients, comose chez des patients avec NASH, avec ou sans diabète de type 2.
  • L'acide obéticholique (un dérivé d’acide biliaire), qui vient récemment de la faire preuve de son efficacité dans cette pathologie, soulignent les experts de la Paris Nash Meeting 2019.

Toutefois, si l'on en croit la revue Prescrire, non seulement l’acide obéticholique (Ocaliva®) n’améliore pas l’état de santé des patients, mais en plus il aggrave souvent les principaux symptômes de la maladie (prurit et fatigue). De plus, il semble exposer à des effets indésirables hépatiques graves, parfois mortels, de sorte que même après échec d’autres traitements, l’acide obéticholique est à écarter.

Chirurgie bariatrique

La chirurgie bariatrique, notamment par by-pass gastrique ou sleeve gastrectomie, entraîne une perte de poids significative et durable dans le temps.

Au bout d'un an, le traitement permet une résolution de la stéatose, de la stéatohépatite (dans 85 % des cas) et de la fibrose (dans 50 % des cas) chez les patients atteints de NASH.

Aromathérapie

L’huile essentielle (HE) de romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis CT verbénone) est très efficace dans la détoxification hépatique car non seulement elle régénère les hépatocytes et en plus draine le foie. Associée à des huiles essentielles riches en phénols telles que les HE d'origan ou de sarriette des Montagnes, elle réduit considérablement la toxicité hépatique. Elle peut s’utiliser seule, à raison d’une goutte sur une pastille neutre, à laisser fondre sous la langue après le déjeuner pendant maximum une semaine.

Mais on peut également profiter de la synergie des HE en mélangeant dans un flacon en verre avec compte-gouttes et à parts égales (35 gouttes de chaque) de l'HE de carotte (régénérante et stimulante du foie), de l'HE de romarin à verbénone et de l'HE de Lédon du Groenland (drainante du foie et régénératrice hépatique). Prendre deux gouttes de ce mélange dilué dans une cuillère à café de miel ou d’huile d’olive, deux fois par jour après les repas (maximum une semaine).

Autre option, mélanger 25 gouttes d’huile essentielle de citron (protectrice, décongestionnante et détoxifiante hépatique), de livèche (antitoxique et drainante) et de céleri dans un flacon en verre compte-gouttes. Diluer deux gouttes de ce mélange dans une cuillère à café d’huile végétale alimentaire et prenez-en deux fois par jour à la fin des repas, pendant 15 jours.

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