Beaucoup de personnes âgées souffrent de dénutrition. La raison ? Les modifications physiologiques directement liées au vieillissement de l'organisme, non compensées par l'alimentation et l'apparition de maladies catabolisantes, qui appauvrissent la masse musculaire. Ses conséquences peuvent être très graves. Voici pas à pas comment soigner la dénutrition chez les personnes âgées.
1. Reconnaissez la dénutrition chez la personne âgée
La dénutrition est une maladie à part entière qui se traduit par une perte importante de masse musculaire. Avant d'envisager de soigner une dénutrition, encore faut-il la dépister correctement. Voici les indices ou symptômes qui doivent vous alerter.
- Un état de maigreur (IMC < 19). Veillez à distinguer perte de masse grasse et perte de masse musculaire. Une maigreur ne signifie pas forcément un manque de masse musculaire cela indique parfois un manque de masse grasse qui n'est en aucun cas dangereux.
Important : de nombreux professionnels de santé s'attachent à ce critère et passent à côté du dépistage d'une dénutrition chez des personnes obèses.
- La perte de poids importante et rapide soit moins 5 % de poids perdu en 1 mois ou 10 % et plus en 6 mois.
Bon à savoir : œdèmes, déshydratations et épanchements liquidiens peuvent fausser le résultat.
Le MNA court est un mini-test qui, par le biais de 6 questions/réponses, permet d'établir un score de dénutrition. Si le score est égal ou inférieur à 11, cela signifie une dénutrition. Un MNA plus complet, avec plus de questions permet d'affiner le diagnostic.
Une prise de sang permet de connaître le taux d'albumine (une protéine) dans le sang. Celle-ci doit être systématique en cas de troubles bucco-dentaires, de troubles de la déglutition, de cancer, maladie d'Alzheimer ou toute autre forme de démence ou d'insuffisances rénale, cardiaque, hépatique, respiratoire. Une albuminémie < 35 g/l indique une dénutrition sauf si elle est accompagnée d'une CRP élevée, un marqueur sanguin qui indique la présence d'un syndrome inflammatoire qui fausse le résultat.
La Haute autorité de santé (HAS) a émis des recommandations au sujet du dépistage et du traitement de la dénutrition des personnes âgées, celle-ci représentant un problème majeur de santé publique. Des subventions sont même allouées à des établissements de santé montrant les preuves de son dépistage et de sa prise en charge.
Bon à savoir : jusqu'à 10 % des personnes âgées vivant à domicile, 38 % de celles vivant en institution et 70 % de celles hospitalisées seraient dénutries.
Il est important d'établir rapidement un diagnostic : la masse musculaire étant affaiblie, le système immunitaire l'est aussi. Fatigue, chutes, fractures, dépression, moindre résistance aux infections, avancée plus rapide des maladies, escarres pour les personnes alitées et mortalité accrue accompagnent ainsi une dénutrition qui n'est pas rapidement traitée.
2. Augmentez l'apport de protéines au cours des repas et collations
En cas de dénutrition, consommez au moins 1,2 g de protéines par kg de poids corporel. Pour vous assurer ces apports :
- Consommez viande, poisson ou œuf, au déjeuner et au dîner, éventuellement au petit-déjeuner.
- Terminez le repas par une portion de fromage.
- Préférez les légumineuses et produits céréaliers complets (riz complet, quinoa, boulgour, pâtes complètes, pain et farines complètes, etc.) plutôt que les féculents raffinés.
- Collationnez avec des oléagineux ou purées d'oléagineux (amandes, arachides, noix, noisettes, etc.).
Bon à savoir : parmi les aliments courants les plus riches en protéines, il y a les viandes, poissons, œufs et le fromage. En moyenne, il y a 18 g de protéines pour 100 g de viande, poisson ou œuf et 6 g de protéines dans 30 g de fromage.
Conseil : pour connaître le taux de protéines présent dans chaque aliment, rendez-vous sur la table CIQUAL des aliments, disponible gratuitement sur internet.
3. Enrichissez l'alimentation pour soigner la dénutrition chez les personnes âgées
Ajoutez les produits protéinés suivant dans vos préparations :
- Du tofu soyeux dans les purées, les légumes, les potages ou smoothies de légumes ou de fruits.
- Du fromage type carrés frais, parmesan, crème de gruyère, gruyère râpé dans les soupes, les purées ou pour gratiner.
- Du poisson, du jambon, du steak haché mixés dans les veloutés et purées.
- De la poudre protéinée, vendue en pharmacie, d'origine végétale ou animale, dans vos préparations froides ou chaudes. Ajoutez 10 g de poudre pour 100 g de préparation (plus ça dénature le goût et moins ce n'est pas suffisant pour relever l'état nutritionnel), en veillant à la diluer dans un liquide. Elle s'accorde autant aux plats sucrés que salés. Cette poudre peut se cuire. 20 g de poudre par jour représentent l'équivalent d'un steak haché.
Conseil : certains professionnels de santé proposent des crèmes et boissons enrichies en protéines et vendues en pharmacie. Ce sont des concentrés de protéines mais aussi de glucides délétères pour la santé et qui aggravent les pathologies cardiovasculaires, les cancers, les maladies neurodégénératives. Celles à destination des diabétiques sont également trop glucidiques. Privilégiez toujours les poudres protéinées plutôt que ces préparations.
4. Adoptez des précautions supplémentaires pour soigner la dénutrition
Quelques gestes simples permettent d'augmenter les effets de l'alimentation.
- La pratique d'une activité physique aide à la récupération de la masse musculaire. Des kinésithérapeutes proposent des programmes de réadaptation à l'effort.
- Une prise régulière de vitamine D3 formule huileuse, à raison de 10 gouttes par jour est essentielle, notamment en renfort de la densité osseuse toujours impactée par une dénutrition.
- Une prise régulière de comprimés de spiruline (en comprimés, posologie maximale indiquée sur la notice) aide à la reprise de la masse musculaire et fait du bien à la santé cardiovasculaire en sus.
- Ayez recours à une aide ménagère. La dénutrition est une vraie maladie qui affaiblit. Une aide est souvent nécessaire pour un soin optimal.